Raoul Vaneigem, une critique émancipatrice du capitalisme
À l’occasion du cinquantenaire de Mai-Juin 1968, une présentation et une discussion critique du Traité de savoir-vivre à l’usage des jeunes générations (Gallimard, 1967) et de De la grève sauvage à l’autogestion généralisée (UGE 10/18, 1974) de Raoul Vaneigem, et surtout de sa critique du capitalisme et son dépassement révolutionnaire – avec Pierre-Ulysse Barranque, doctorant, co-directeur de In Situs. Théorie, spectacle et cinéma chez Guy Debord et Raoul Vaneigem (Grupen, 2013).
Avec une présentation de son contexte d’écriture (suite à une grève générale en Belgique en 1960-1961) et de parution (révoltes étudiantes en Allemagne et aux Etats-Unis),
son auteur (Raoul Vaneigem),
son style (littéraire),
ses inspirations (Reich, Nietzsche, Marx),
son rapport aux surréalistes et aux thèses de Baudrillard et de Lefebvre,
son statut de best-seller et d’inspirateur de Mai-Juin 1968,
sa critique du marxisme-léninisme,
ses références aux révoltes historiques (Russie 1917, Ukraine 1918-1921, Barcelone 1936-1937, Hongrie 1956),
son appel à une alliance des ouvriers et des étudiants radicaux, sa critique du travail et de la consommation,
et enfin son imaginaire d’un dépassement émancipateur du travail comme activité capitaliste [1ère partie, 40 minutes]
Avec une présentation de sa critique des rôles capitalistes, aliénants, séparés de travailleur, d’étudiant, d’adolescent, de père et de consommateur, son anticolonialisme et son anti-patriarcalisme (limité),
son appel à un refus subjectif des contraintes capitalistes et à une réinvention épanouissante du quotidien,
sa conception d’une révolution comme transformation immédiate des rapports sociaux quotidiens et comme œuvre d’art collective,
son dépassement de l’opposition du formalisme assembléiste et du spontanéisme informel, son étrangeté totale au « libéralisme-libertaire » (un concept eronné du sociologue stalinien Michel Clouscard) et sa critique des récupérations publicitaires des désirs révolutionnaires,
sa volonté d’un détournement créatif (et non d’une réappropriation) des moyens de production capitaliste,
sa critique des limites imposées à un épanouissement subjectif (un « vitalisme » non-normatif, pluriel, existentialiste),
et son horizon d’une fédération post-capitaliste (sans Marché, sans État, sans travail-marchandise) des communes et des subjectivités radicales [2ème partie, 1 heure]
Liens
De la grève générale à l’autogestion généralisée
https://www.infokiosques.net/lire.php?id_article=309
Autres émissions (évoquées ou en lien)
- Psychologie de masse du fascisme et du capitalisme
- De la misère en milieu étudiant, la critique situationniste
- 80 ans après, une histoire de la révolution Espagnole
- Révolution et contre-révolution en Russie en 1917
- Théorie critique du bolchevisme
- Une histoire de résistances au travail et de l’anti-travail
- Le refus du travail dans l’Italie révoltée des années 60-70
- Sortir du travail marchandise ou barbarie
Notes de lecture (évoquées ou en lien)
Citations
Ratgeb [Raoul Vaneigem], De la grève sauvage à l’autogestion généralisée, Paris, UGE, 1974
« Toute marchandise est inséparable du mensonge qui la représente. Le travail forcé produit donc des mensonges » (p. 15)
« La marchandise est le cœur d’un monde sans cœur » (p. 19)
« Le sabotage des produits finis est une réaction saine. Il traduit le mépris de l’ouvrier pour la marchandise et pour le rôle d’ouvrier, c’est-à-dire l’attitude liée aux idées de travail nécessaire, de travail bien fait et autres conneries, que la société dominante lui impose » (p. 19)
« Le refus du rôle d’ouvrier va de pair avec le refus du travail et de la marchandise. Il a toutes les chances de s’étendre au refus de tous les rôles, de tous les comportements qui font agir chacun non en fonction de ses désirs et de ses passions mais en fonction d’images » (pp. 19-20)
« La destruction de la marchandise par la liquidation du travail forcé est donc inséparable de la liquidation de l’État, de la hiérarchie, de la contrainte, de l’invitation au sacrifice, du mensonge » (p. 21)
« Le rôle est un mensonge vivant, et la survie un malaise sans fin » (p. 23)
« Chaque marchandise exposée dans un supermarché est l’éloge cynique de l’oppression salariale, du mensonge qui fait vendre, du chef et du flic qui servent à les protéger » (p. 26)
« L’acte terroriste qui consiste à liquider […] bureaucrate et patron ne change rien aux structures et ne fait qu’accélérer le renouvellement des cadres dirigeants. Pour liquider l’Etat et les organisations hiérarchisées, […] il faut anéantir le système marchand » (p. 32)
« Sans compter le mépris qu’il se porte, le flic est méprisé comme tueur salarié, comme valet de tous les régimes, […] comme marchandise de protection, comme clause répression du contrat économico-social imposé par l’Etat aux citoyens » (p. 33)
« Il est faux de croire que les revendications de salaire peuvent mettre en danger le capitalisme privé ou d’Etat » (p. 35)
« Les rôles sont la misère faussement vécue qui compense la misère vécue réellement » (p. 42)
« Créés pour la défense des intérêts immédiats d’un prolétariat sur-exploité, les syndicats sont devenus, avec le développement du capitalisme, les courtiers attitrés de la force de travail. Leur but n’est pas d’abolir le salariat mais de l’améliorer. Ils sont donc les meilleurs serviteurs du capitalisme » (p. 49)
« Notre objectif est d’empêcher toute violence contre le mouvement d’occupation généralisée, non de le répandre par la violence. Le désarmement de l’ennemi nous importe plus que sa liquidation physique » (p. 61)
« Personne n’est condamnable pour ce qu’il a été avant la révolution. Seule l’attitude pendant la lutte est déterminante » (p. 96)
« L’autogestion généralisée n’a ni programme minimum ni programme maximum. Son sort est lié à celui des assemblées, à leur développement cohérent ou à leur dépérissement. Quelques réalisations inséparables et immédiatement applicables permettent de juger de sa réussite ou de son échec : l’abolition de tout pouvoir étatique ou para-étatique, l’appropriation par les producteurs de tous les moyens de production, la fin du travail par la création collective, la fin des échanges par le don généralisé, la fin de la survie et du spectacle par la construction individuelle de la vie quotidienne » (p. 100)
« Tout ce qui s’harmonise spontanément n’a pas besoin de passer par l’assemblée d’autogestion généralisée » (p. 103)
« La construction par chacun de sa propre vie […] signifie la fin de l’économie comme secteur séparé et son intégration à une création collective qui assure inséparablement le libre usage des biens de survie […] et de l’équipage nécessaire à la réalisation des passions, des rencontres, des aventures, des jeux » (p. 108)
« Nous remplaçons ‘à chacun selon son travail’ par ‘à chacun selon ses désirs’ » (p. 109)
« Le progrès de la longue révolution se marquera dans le passage de la pratique ‘A travail minimum, distribution égale pour tous’ à son stade plus avancé ‘A créativité générale, dons maximums pour tous’ » (pp. 110-111)
« La fin des séparations sera aussi la fin de la séparation entre villes et campagne. Cela signifie la mécanisation de l’agriculture débarrassée des impératifs marchands (rentabilité, pollution par engrais…) et la pénétration dans les villes de zones agricoles telles que champs, pâturages, forêts, potagers, zones d’élevage » (p. 114)
« Partiellement envahies par les champs et les forêts, les grandes villes disparaîtront au profit d’une grande dispersion et d’une grande variété d’habitats, mobiles ou fixes, éphémères ou durables » (p. 123)
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