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La Société du Spectacle, une introduction

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Un demi-siècle après qu’il ait été publié et qu’il ait inspiré Mai 1968, une émission de présentation et de discussion des thèses principales de La Société du Spectacle de Guy Debord – avec Pierre-Ulysse Barranque, doctorant à Paris 1, effectuant une thèse au sujet de Debord et de Baudrillard, et co-directeur de In Situs. Théorie, spectacle et cinéma chez Guy Debord et Raoul Vaneigem (Grupen, 2013).

Avec une présentation et une discussion des thèses principales de La Société du Spectacle, de l’aliénation du travail et de la consommation de divertissements, de ses inspirations philosophiques (Hegel, Feuerbach, Marx, Lukacs), de ses mauvaises compréhensions (le spectacle comme « illusion », « règne du faux », « excès d’images ») et de ses limites.

Avec une définition du Spectacle comme aliénation du vécu et du dialogue intersubjectif, comme idéologie capitaliste matérialisée dans l’ensemble des productions d’objets de consommation de masse, comme stade d’occupation totale de l’espace par des productions matérielles capitalistes, comme production des médias et des industries culturelles, comme rapport entre des personnes intermédié par des représentations capitalistes, comme (re)producteur des conditions subjectives du capitalisme, comme colonisation capitaliste progressive de l’ensemble du réel, comme partie idéelle du réel capitaliste, comme monologue ininterrompu du capitalisme à son propre sujet, comme producteur de subjectivités ventriloques du capitalisme, comme langage de l’aliénation et de la séparation.

Avec un dépassement du Spectacle conçu comme partant d’une irréductibilité des subjectivités vis-à-vis du capitalisme et comme une émancipation globale vis-à-vis de ses bases matérielles, c’est-à-dire du capitalisme [1 heure 10 minutes]


Le film

https://www.youtube.com/watch?v=eE_nu1n7-jI

Autres émissions avec Pierre-Ulysse Barranque

Autres émissions (évoquées ou en lien)

La citation complète de Karl Marx au sujet de l’aliénation religieuse

Le fondement de la critique irréligieuse est celui-ci : l’homme fait la religion, ce n’est pas la religion qui fait l’homme. La religion est en réalité la conscience et le sentiment propre de l’homme qui, ou bien ne s’est pas encore trouvé, ou bien s’est déjà reperdu. Mais l’homme n’est pas un être abstrait, extérieur au monde réel. L’homme, c’est le monde de l’homme, l’État, la société. Cet État, cette société produisent la religion, une conscience erronée du monde, parce qu’ils constituent eux-mêmes un monde faux. La religion est la théorie générale de ce monde, son compendium encyclopédique, sa logique sous une forme populaire, son point d’honneur spiritualiste, son enthousiasme, sa sanction morale, son complément solennel, sa raison générale de consolation et de justification. C’est la réalisation fantastique de l’essence humaine, parce que l’essence humaine n’a pas de réalité véritable. La lutte contre la religion est donc par ricochet la lutte contre ce monde, dont la religion est l’arôme spirituel.

La misère religieuse est, d’une part, l’expression de la misère réelle, et, d’autre part, la protestation contre la misère réelle. La religion est le soupir de la créature accablée par le malheur, l’âme d’un monde sans cœur, de même qu’elle est l’esprit d’une époque sans esprit. C’est l’opium du peuple.

Le véritable bonheur du peuple exige que la religion soit supprimée en tant que bonheur illusoire du peuple. Exiger qu’il soit renoncé aux illusions concernant notre propre situation, c’est exiger qu’il soit renoncé à une situation qui a besoin d’illusions. La critique de la religion est donc, en germe, la critique de cette vallée de larmes, dont la religion est l’auréole.

La critique a effeuillé les fleurs imaginaires qui couvraient la chaîne, non pas pour que l’homme porte la chaîne prosaïque et désolante, mais pour qu’il secoue la chaîne et cueille la fleur vivante. La critique de la religion désillusionne l’homme, pour qu’il pense, agisse, forme sa réalité comme un homme désillusionné, devenu raisonnable, pour qu’il se meuve autour de lui et par suite autour de son véritable soleil. La religion n’est que le soleil illusoire qui se meut autour de l’homme, tant qu’il ne se meut pas autour de lui-même.

L’histoire a donc la mission, une fois que la vie future de la vérité s’est évanouie, d’établir la vérité de la vie présente. Et la première tâche de la philosophie, qui est au service de l’histoire, consiste, une fois démasquée l’image sainte qui représentait la renonciation de l’homme à lui-même, à démasquer cette renonciation sous ses formes profanes. La critique du ciel se transforme ainsi en critique de la terre, la critique de la religion en critique du droit, la critique de la théologie en critique de la politique.

GUY DEBORD - ANSELM JAPPE

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