
La grossesse comme travail. Une analyse sociologique féministe
Un épisode autour de la grossesse comme travail dans une perspective sociologique féministe – avec Sofia, co-animatrice de Sortir du patriarcapitalisme, et Elsa Boulet, sociologue du genre, co-directrice d’Enfanter, entre normes médicales et représentations sociales (Erès, 2024) et autrice de Espaces et temps de la « production d’enfants ». Sociologie des grossesses ordinaires (thèse de sociologie, Université Lumière Lyon 2, 2020).
L’émission (1 heure 40 minutes) comporte :
- Une introduction aux enjeux d’une sociologie féministe matérialiste et marxiste de la grossesse : aller au-delà d’une critique féministe de la médicalisation de la grossesse, et prolonger les réflexions féministes sur « l’amont » (le travail contraceptif et abortif) et « l’aval » (le travail d’élevage des enfants) de la grossesse en l’abordant comme un travail [1’] ;
- Une présentation par l’autrice des origines de sa recherche : le féminisme matérialiste, le féministe de la reproduction sociale, les travaux sur la gestation comme travail socialement organisé, l’idée de dénaturaliser la grossesse pour ne pas la réduire à un phénomène physiologique et médical [3’] ;
- Un résumé de « Fertilité naturelle, procréation forcée » de Paola Tabet, qui explique comment les sociétés patriarcales maximisent l’exposition des femmes au risque de grossesse à travers des institutions comme le mariage et des idéologies comme les représentations normatives de la sexualité [9’] ;
- Une analyse du rôle de l’Etat et de la démographie dans les politiques d’accroissement de la natalité [14’] ;
- Une analyse du couple hétérosexuel cohabitant comme le cadre normatif dominant de la procréation à l’heure actuelle en France [19’] ;
- Une discussion du rôle des idéologies (de la famille, du bonheur, de la maternité…) dans la décision d’enfanter aujourd’hui en France [21’] ;
- Une analyse des conséquences professionnelles inégales pour les hommes et les femmes du fait de devenir parents [27’] ;
- Un rappel de l’existence d’une division inégale du travail domestique antérieure à la naissance, et non seulement consécutive à la naissance [35’] ;
- Une analyse de l’asymétrie entre les femmes et les hommes en matière de responsabilité contraceptive [39’] ;
- Une discussion des facteurs déterminants à la prise de décision (ou non) d’enfanter : l’âge et l’écart d’âge des conjoints, les perspectives et les discriminations professionnelles des femmes, les rappels à l’ordre procréatif de l’entourage et des médecins, etc. [45’] ;
- Une critique des idées reçues sur les risques d’une grossesse post-35 ans [52’] ;
- Une discussion sur les normes médicales et sociales sur le « bon » âge d’enfanter pour les femmes, notamment de classe populaire et racisées [55’] ;
- Une discussion de l’instrumentalisation par les médecins des recommandations liées à la grossesse pour modifier durablement les habitudes des femmes enceintes [58’] ;
- Une histoire de la médicalisation des grossesses et des accouchements en France au 20ème siècle [1h] ;
- Une discussion de l’ambivalence de la médicalisation de la grossesse, entre surresponsabilisation des femmes et acquis social, et des critiques féministes de la médicalisation de la grossesse, porteuses d’une critique émancipatrice du pouvoir médical, mais parfois essentialistes ou aveugles au caractère sociocentré (de femmes blanches de classe moyenne) de cette critique, qui fait l’impasse sur le racisme du personnel soignant qui minimise la souffrance des parturientes non-blanches [1h10’] ;
- Une critique de la « sanitarisation » des grossesses, au sens d’une multiplication des injonctions moralisantes et de pratiques intrusives que doivent subir les femmes enceintes au nom de la santé de leur « futur enfant », aboutissant à une culpabilisation individualisante de leur comportement, en dépit d’études épidémiologiques montrant au contraire que ce sont les facteurs sociaux et les conditions de travail et de vie qui sont les plus déterminantes pour l’issue des grossesses [1h17’] ;
- Une analyse de la triple journée des femmes enceintes et de leur travail procréatif (rendez-vous médicaux, stages de préparation à l’accouchement, etc.) qui s’ajoute au travail salarié et au travail domestique, aboutissant de ce fait des injonctions contradictoires et à un surcroît de travail [1h23’] ;
- Une discussion sur l’utilisation par les femmes des normes médicales pour résister à l’assignation à certains pans du travail domestique, et sur les conflits autour du travail domestique lors de la grossesse [1h28’] ;
- Une analyse du travail procréatif comme travail inégalement réparti entre les hommes et les femmes, comme travail féminin non-rémunéré, comme rapport d’exploitation genré [1h33’].
Liens
Autres émissions en lien
Aux racines de la domination masculine. Le féminisme matérialiste de Paola Tabet
Notes de lecture en lien
Christine Delphy – L’ennemi principal. Économie politique du patriarcat
Christine Delphy – L’ennemi principal. Penser le genre
Le site d’Elsa Boulet
https://elsaboulet.hypotheses.org/
Crédits
Un jingle d’Armand Paris à partir d’une musique libre de droits de Vivaldi – The Four Seasons « Summer » – Presto – RV 315 de GregorQuendel (Pixabay).
Un entretien de 2020 d’Armand Paris et de Sofia.
Un montage minimal et une présentation d’Armand Paris.
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