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Théorie(s) politique de la race et du racisme

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« Non, la race n’existe pas. Si, la race existe. Non certes, elle n’est pas ce qu’on dit qu’elle est, mais est néanmoins la plus tangible, réelle, brutale des réalités » (Guillaumin). C’est en partant de ce paradoxe de « la race » comme inexistante biologiquement mais structurante socialement, et à ce titre incontournable pour tout mouvement d’émancipation sociale digne de ce nom, que nous discutons dans cet épisode de deux théories politiques de la race et donc du racisme, celle de l’autrice de cette citation, Colette Guillaumin, sociologue, féministe matérialiste et autrice à ce sujet de L’idéologie raciste (Gallimard, 1972) et de Sexe, Race et Pratique du pouvoir (éditions iXe, 2016), et de Théorie Communiste, collectif-revue marxiste qui a consacré son numéro 26 à ce sujet.

La première partie (40 minutes) comporte :

Une présentation des enjeux contemporains autour de la race comme catégorie politique contestée dans l’espace francophone, malgré son caractère structurant socialement ;

Une histoire du concept de race, de l’Espagne de la « Reconquista » à la déclaration de l’UNESCO de 1950 ;

Une présentation de Colette Guillaumin, de son féminisme matérialiste, et de sa dénaturalisation et de son historicisation des catégories de race et de sexe ;

Une présentation et une discussion critique de l’analyse du caractère unilatéral de la race et du racisme chez Guillaumin, selon laquelle la race est assignée (par un processus de « raci(ali)sation ») à un groupe dominé (« racisé ») par un groupe dominant (« racisant ») afin de justifier et donc (re)produire une inégalité et un rapport de domination ;

Une discussion des vertus et des limites de l’analogie entre race (racisme), sexe (sexisme) et classe (capitalisme) chez Guillaumin ;

Une conclusion au sujet du caractère à la fois discursif et matériel de la race et du racisme.


La deuxième partie (40 minutes) comporte :

Une présentation de l’approche de Théorie communiste du racisme et de la race comme enjeu incontournable à l’époque de la fin de l’identité ouvrière et du prolétariat comme classe du travail et « sujet révolutionnaire » unifiée autour d’un programme d’abolition du capitalisme par une prise du pouvoir ouvrière (fût-ce selon des modalités anarchistes, marxistes-léninistes ou autres) ;

Une discussion critique des thèses de Théorie communiste sur la division raciale du travail au sein de la classe ouvrière française, sa co-production par le patronat et le mouvement ouvrier majoritairement blanc, ses évolutions (de la figure du « travailleur immigré » à celle du « musulman » en passant par celle de « l’immigré ») en lien avec la restruction néolibérale et de crise du capitalisme, et ses implications politiques ;

Une conclusion au sujet de la révolution comme éclatement des contradictions de classe, de race et de genre, avec comme horizon soit un dépassement de ces contradictions et l’abolition en acte des identités de classe, de race et de genre (la communisation), soit un renforcement de ces contradictions et le basculement contre-révolutionnaire d’une partie des classes populaires sur une base ethno-raciale (le néo-fascisme).


Liens

Episodes évoqués ou en lien

« Arabicides ». Les crimes racistes en France au cours des années 1970 : aux origines du racisme actuel

Pour une théorie matérialiste du racisme

Textes

Pour une approche matérialiste de la question raciale

Théorie Communiste N° 26: les bonnes feuilles…

Colette Guillaumin – Sexe, race et pratique du pouvoir

Étienne Balibar et Immanuel Wallerstein – Race, nation, classe


Crédits

Tom C. à la technique radio.

Montage minimaliste et présentation d’Armand Paris.

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