Le spécisme et l’antispécisme en question(s)
Un épisode sur le complexe animalo-industriel capitaliste, le spécisme comme système de domination naturalisé, l’approche matérialiste des rapports humains-animaux, et le mouvement antispéciste, à partir du livre Solidarité animale, défaire la société spéciste (La Découverte, 2020) – avec Axelle Playoust-Braure, co-autrice de l’ouvrage, journaliste rémunérée à la pige, et autrice d’un mémoire en sociologie et études féministes sur l’espèce comme variable sociologique.
La timeline de l’émission :
00:00-02:04 : Introduction, présentation de l’autrice et justification de l’invitation.
02:04-20:45 : Qu’est-ce que le spécisme, et quelle est son incarnation contemporaine (complexe animalo-industriel) ? Les chiffres et les tendances de consommation des produits issus de l’exploitation animale. Les relais publicitaires de l’idéologie carniste.
22:15-30:48 : Lien entre anticapitalisme et antispécisme. L’élevage paysan est-il « éthiquement raisonnable » ? Est-il suffisant de se passer du côté industriel pour cohabiter justement avec les autres animaux ? Un élevage sans abattage est-il possible ?
30:49-41:10 : L’impasse politique de la condamnation morale des populations qui ne peuvent pas se passer de produits animaux, ou des personnes qui ne peuvent pas être végé pour des raisons de santé. Le rejet de l’exploitation animale comme projet de société plus que responsabilité individuelle.
41:10-55:30 : Présentation de la conception matérialiste de la question animale, inspirée des féministes matérialistes : dénaturaliser les rapports humains-animaux, ne pas seulement s’intéresser à la dévalorisation symbolique des animaux (insultes, préjugés, discriminations) mais aussi aux rapports de pouvoir. Parler d’humains et d’animaux comme espèces sociales. Le spécisme comme question spécifique, irréductible à la question du capitalisme.
55:31-1:00:32 : Des droits politiques pour les animaux. Rappel que l’égalité de prise en compte des intérêts des individus ne revient pas à poser l’identité des individus. « Il faut parfois traiter différemment des individus pour les traiter justement. » Valéry Giroux.
1:00:37-1:22:34 : Intérêt et limites de l’analogie entre le spécisme et les autres rapports de pouvoir. L’animalisation des humains repose sur l’animalisation des animaux. Pourquoi la rhétorique humaniste doit être dépassée. Convergence à construire entre l’antispécisme et les luttes des humains animalisés. Remplacer l’éminence du « genre humain » par un projet de solidarité animale.
1:22:34-1:42:30 : Avec ce projet d’élargissement de la communauté des égaux pour inclure les animaux : quid de l’éthique environnementale ? Comment gérer les intérêts antagonistes entre humains et animaux ? Les intérêts humains ne peuvent pas gagner par principe, il faut renoncer aux privilèges humains. La différence entre spécisme radical et spécisme modéré.
1:43:56-1:56:27 : Peut-on intervenir dans les relations entre animaux, et dans la nature ? Communauté morale et réciprocité entre humains et animaux (cf. travaux de Christiane Bailey). La rhétorique droits = devoirs comme conception validiste de la morale.
1:56:26-2:04:30 : Comment mener une lutte « sans les principaux concernés ». Rappel du fait que les animaux ne sont pas passifs ou consentants à ce qu’ils subissent (la résistance animale). Les impasses stratégiques du fait que la lutte antispéciste est avant tout structurée par des humains (dérives vers de l’identitaire).
2:04:30-2:21:29 : Les critiques adressées à l’antispécisme : cause du capital ? de petits bourgeois ? de blancs ? sexistes ? pro-israéliens ? L’antispécisme comme « distraction » des luttes humaines. Quelles perspectives pour un antispécisme révolutionnaire ? Quelles alliances politiques, en sachant que tous les groupes sociaux n’ont pas le même rapport à l’animalité ? Solidarité active vs. solidarité passive.
2:23:45-2:43:50 : Que faut-il entendre derrière l’expression « libération animale » ? Quid de la coexistence avec des animaux issus de la domestication, dans une société post-spéciste ? La position extinctionniste et l’approche zoopolitique. Les droits positifs des animaux.
2:43:50-fin : Conclusion.
Autre podcast avec Axelle Playoust-Braure
Le néo-spécisme de Jocelyne Porcher
Références
- Faunalytics, Global Animal Slaughter Statistics And Charts, 2018
- Inès Léraud et Pierre Van Hove, Algues vertes, l’histoire interdite, Delcourt, 2019.
- Christine Delphy et Diana Leonard, L’exploitation domestique, Syllepse, 2019.
- Valéry Giroux, L’antispécisme, Que sais-je ?, 2020.
- Christiane Bailey, « Le double sens de la communauté morale : la considérabilité morale et l’agentivité morale des autres animaux », Les ateliers de l’éthique, 9(3), 2014.
- Collectif, « L’autre moitié », Cahiers antispécistes, 22, 2003.
- Florence Burgat, Être le bien d’un autre, Rivages, 2018.
- Carole J. Adams, La politique sexuelle de la viande, L’Âge d’Homme, 2016.
- Sunaura Taylor, Braves bêtes, Éditions du Portrait, 2019.
- Aph Ko et Syl Ko, Aphro-ism, Lantern Books, 2017.
- Sue Donaldson et Will Kymlicka, Zoopolis. Une théorie politique des droits des animaux, Alma, 2016.
Crédits
Un jingle d’Armand Paris à partir d’une musique de Las 4 Estaciones – Verano (Presto) de Daniel Bautista (Classics and Soundtracks, 2004).
Un montage minimal d’Axelle Playoust-Braure et d’Armand Paris.
Une timeline et des références d’Axelle Playoust-Braure.