Histoire de l’agriculture capitaliste en France
L’agriculture capitaliste en France a été en bonne partie, historiquement, une agriculture « paysanne » familiale. La majorité des agriculteurs français ont certes été des victimes du processus d’intégration de l’agriculture au capitalisme des années 1880 à nos jours, mais cela n’empêche pas leur rôle de base électorale et de défenseurs (en 1848, en 1871 et en 1914) de la bourgeoisie française, leur accompagnement parfois enthousiaste de l’intégration de l’agriculture française au capitalisme (au cours des années 1950-1960) et l’exploitation de leurs femmes et de leurs enfants. Si une minorité d’agriculteurs s’est opposée à l’intégration toujours supérieure de l’agriculture française au capitalisme, de la révolte des vignerons de 1907 aux Paysans-travailleurs et leurs héritiers de la Confédération paysanne (avec même une critique du patriarcat agricole dans Les Paysans dans la lutte de classes de Bernard Lambert), elle n’est pas allée jusqu’au bout de la critique de l’agriculture capitaliste, c’est-à-dire de son caractère capitaliste même. Pour toutes ces raisons, on ne peut en rester à une critique de l’agro-business industriel, chimique, transgénique, néolibéral et de ses ravages, et faire une histoire de l’agriculture française comme l’éternelle résistance des paysans au capitalisme et à sa modernisation destructrice : il fallait donc faire une histoire complète (économique, sociale, politique) de l’agriculture capitaliste en France depuis son émergence au 18ème siècle, sans idéalisation de l’agriculture « paysanne » familiale, et invitant ses fractions critiques à aller jusqu’au bout de leur critique « anti-capitaliste » : jusqu’à une remise en cause du capitalisme lui-même – avec William de la critique de la valeur, excellent connaisseur des questions agricoles et de leur histoire.
Avec une introduction de critique, d’une part, d’une histoire du « progrès » agricole et du « retard français », et, d’autre part, d’une histoire opposant une agriculture « paysanne » idéaliste et un agro-business considéré comme seul type d’agriculture capitaliste.
Avec également un rappel de l’histoire de l’émergence de l’agriculture capitaliste en Angleterre aux 17ème-18ème siècles, avec une disparition précoce de la paysannerie anglaise qui contraste avec son maintien (relatif) en France jusqu’au 20ème siècle.
Avec enfin une présentation des caractéristiques spécifiques de l’agriculture capitaliste en France au 19ème siècle : maintien des structures agraires d’Ancien Régime (forte auto-subsistance, faible intégration au Marché national), persistance de la paysannerie et de l’agriculture familiale, paysannerie comme base sociale de l’ordre bourgeois [Introduction, 20 minutes].
Avec une démonstration du caractère non-capitaliste de l’agriculture d’Ancien Régime (paysanne ou rentière-féodale),
une histoire de la tentative ratée (1763-1789) de transformer celle-ci comme en Angleterre (avec de grandes propriétés, un triptyque propriétaire capitaliste – fermier capitaliste – ouvriers agricoles, une production quasi-exclusivement commerciale, un Marché agricole national, une abolition des droits d’usage),
une histoire de l’intégration lente de l’agriculture française au capitaliste de 1789 jusqu’en 1880 (date de création du Ministère de l’agriculture),
et enfin une histoire du rôle politique de la paysannerie durant cette période (d’abord classe révolutionnaire anti-féodale, puis base sociale de la bourgeoise française) [1ère partie, 50 minutes].
Avec une histoire de la lente modernisation de l’agriculture française des années 1880 aux années 1950, de la Grande Dépression de 1873-1896 (baisse des prix agricoles suite à une forte concurrence internationale entraînant un exode rural et une ruine des propriétaires rentiers, dynamique contrecarrée par un protectionnisme agricole) à la modernisation (régulation étatique des prix, tractorisation, chimisation, standardisation génétique des semences) de la 3ème République (crédit), du Front populaire, du régime de Vichy, de l’Occupation et de la 4ème République (1936-1958), malgré une permanence du « paysan » comme sujet mythique [2ème partie, 50 minutes].
Avec une histoire de la modernisation accélérée, violente et impitoyable de l’agriculture française des années 1960 aux années 1980, sous pression de l’État français, du Marché européen et du Marché mondial, avec
une politique de concentration des terres (SAFER, indemnité viagère de départ, pas d’aides et de crédit pour des exploitations jugées non-rentables), une industrialisation de l’élevage, une exportation massive de marchandises agricoles et une diminution de moitié de la population agricole (élimination des moins rentables),
mais avec un maintien du patriarcat agricole (demi-part des femmes au sein des GAEC, écrasante majorité de chefs d’exploitation, statut inférieur des femmes d’exploitants, double ou triple journée des femmes d’agriculteurs) et de « l’État-providence » agricole (Politique agricole commune, ses aides et sa régulation des prix), avant le « tournant néolibéral » des années 1980 (hausse des taux d’intérêts, faillite de nombreuses fermes, crise de la PAC, quotas laitiers, gel des terres céréalières) [3ème partie, 40 minutes].
Avec une conclusion rapide des grandes évolutions de l’agriculture capitaliste en France de 1992 (PAC transformée, néolibéralisation, aide directe aux producteurs en fonction des surfaces ou du nombre de bêtes et du type de production, agriculture familiale sous perfusion, montée des inégalités et de l’agro-business, ) à nos jours, puisqu’une majorité des grands enjeux de l’agriculture contemporaine (OGM, agriculture biologique, mort des sols, mort des abeilles, offensive de l’agro-business, biocarburants, etc.) seront traités dans une autre émission [Conclusion, 20 minutes].
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