La sécurité, catégorie fondamentale du capital
La « sécurité », des « politiques sécuritaires » répressives (renforcement des moyens policiers, État d’urgence, vidéo-surveillance…) aux discours politiciens contre « l’insécurité », est partout, au point qu’une critique légitime des institutions et des technologies sécuritaires s’est largement développée des libéraux de gauche jusqu’aux anarchistes. On ne peut toutefois en rester à cette critique et à une dénonciation des « mauvaises sécurités » (répressives) au nom des « bonnes sécurités » (sociale, de l’emploi, des personnes, etc.) : la sécurité est une catégorie fondamentale du capitalisme, elle est l’ensemble des rapports sociaux et des dispositifs visant à une reproduction optimale de l’ordre capitaliste au travers de l’élimination des « risques », qu’il s’agisse d’éliminer celui d’une révolution aux moyens de la « sécurité sociale » en 1945 ou de celui d’une perturbation de l’économie et ses agents aux moyens de la « sécurité intérieure » et de la « sécurité civile ». Il faut donc se défaire du fétichisme de la sécurité, c’est-à-dire de sa naturalisation positive comme de son opposition à la « liberté » (également capitaliste), puisque la sécurité est en réalité celle du capitalisme et de son monde. C’est ce que nous permet de faire Critique de la sécurité. Accumulation capitaliste et pacification sociale (Etérotopia, 2017) – avec Memphis Krickeberg, co-directeur de l’ouvrage.
Avec une première partie de théorie critique de la sécurité comme différenciée en fonction des populations (raciste, classiste), comme faisant partie de l’ordre démocratique-bourgeois (sans avoir besoin d’un régime fasciste),
comme sécurisation de l’ordre capitaliste et de ses agents en tant qu’agents, comme fétichisme, comme « rapport impersonnel entre des personnes » [Marx] (pas simplement des technologies et des institutions) impactant jusqu’à nos rapports aux autres (méfiance, individualisme, anxiété),
comme productrice de subjectivités calculatrices de risques, comme prévention des « risques » – c’est-à-dire l’ensemble de ce qui peut entraver, gripper, perturber l’ordre capitaliste et sa marche optimale, d’où une multiplicité de « risques » et de types de « sécurité » –,
comme gouvernementalité du capitalisme à son stade « totalitaire »,
comme ayant des phases historiques (« sécurité sociale » comme sécurisation du capitalisme face à une éventuelle révolution, « politiques sécuritaires » au temps du capitalisme néolibéral de crise),
comme susceptible d’adhésion d’une partie des populations (« sécurité sociale » faisant adhérer jusqu’au prolétariat, « politiques sécuritaires » faisant adhérer jusqu’au prolétariat non-racisé)
et comme « liberté négative » du capitalisme (c’est-à-dire ce qui est nécessaire, de manière répressive, pour garantir sa « liberté positive » d’exploiter, de coloniser, de détruire…) [1ère partie, 50 minutes]
Avec une deuxième partie de discussion autour de la contribution et de l’œuvre de Mark Neocleus, théoricien critique de la sécurité, de son fétichisme et de son totalitarisme, de son stade fasciste et de son stade démocratique, analysant celle-ci comme catégorie capitaliste (en reprenant des écrits de Marx), comme une « pacification sociale » (une destruction des obstacles au capitalisme et une production de l’ordre capitaliste) et une « accumulation primitive » perpétuelle (violence perpétuelle de l’ordre capitaliste pour se reproduire), et refusant une vision libérale d’une société capitaliste pacifique et une vision foucaldienne faisant de la « guerre civile » un caractère inhérent aux sociétés humaines [2ème partie, 40 minutes].
Liens
Critiques de la sécurité
Politique de crise
http://www.palim-psao.fr/2017/03/politique-de-crise-par-le-comite-erotique-revolutionnaire.html