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Le football, arme de mystification idéologique et de démobilisation - avec Jean-Marie Brohm
L'émission complète
Extraits de l’introduction
Il y a quelques jours [en juin 2016] paraissait sur Paris Luttes Infos un article « Non à l’Euro 2016 : la domination sportive », où il était écrit « ce mois de juin 2016 se déroule en France un tournoi européen de football. Il est la propriété privée de la multinationale UEFA [...] qui a sa marque déposée : « l'Euro 2016 ». Notons également que cette « union » est adhérente de la très corrompue FIFA [...]. Pour ce soi-disant événement, une véritable mobilisation nationale se met en place. Par exemple, Hollande demandait récemment en vue de ce championnat que la Marseillaise soit chantée pour exalter les valeurs de la République [...]. Et Najat Vallaud-Belkacem [...] pouvait [...] annoncer la participation de jeunes scolaires au dispositif propagandiste ad hoc (la « Fan-Zone ») pour acclamer les mercenaires à crampons des pelouses. [...] L'institution sportive est une pieuvre qui colonise tous les secteurs de la société et en particulier l’École. Qui ne voit pas que la fonction politique de la propagande en faveur de ce tournoi estival est d'anesthésier la population afin de la détourner des véritables enjeux sociaux comme, par exemple, la lutte contre la loi travail ? C'est ainsi que l'institution sportive a su récemment imposer à l'État français – à l'occasion de l'Euro 2016 et ce, jusqu'en 2024 – ses exigences économiques et ses prérogatives en obtenant des cadeaux fiscaux scandaleux. Mais par là même, c'est aussi une vision du monde qui est imposée à tous : mettre en concurrence des performances physiques mesurables afin de produire des individus compétitifs aptes à « jouer » dans le cadre du marché capitaliste mondial. Produire des subjectivités qui intègrent l'existence de gagnants et de perdants, telle est la finalité politique du sport. [...] Le sport n'est-il pas le règne de la compétition au cœur même de chaque institution [capitaliste] ([...], le Travail, l'Armée, l'École, etc. [...] » ?
Pour éviter toute incompréhension, disons d’emblée que nous désignons par "football" un système capitaliste de compétition organisée par des fédérations, des clubs amateurs au football professionnel, en-dehors donc des jeux de balle au pied entre amis (même si ceux-ci sont influencés par ce système institutionnel capitaliste) ; et rappelons aux adorateurs béats du sport institutionnel cette définition qu’en donnait Coubertin, père des Jeux Olympiques modernes : « Le sport [...] doit [...] être pratiqué avec ardeur, je dirai même avec violence. Le sport, ce n’est pas l’exercice physique bon pour tous au point de vue de l’hygiène à condition d’être sage et modéré. Le sport est le plaisir des forts ou de ceux qui veulent le devenir physiquement et moralement. Il comporte donc la violence, l’excès, l’imprudence [...] [dans] son essence ». Jean-Marie Brohm écrivait déjà il y a 40 ans : « Le sport est le système social de la compétition permanente, de la compétition névrotique [...] Le sport est [...] un système de compétition physiques généralisées, universelles [...] Le sport ne peut qu’être compétition [...] et recherche des meilleurs rendements » (dopage compris) [...] Mais ce système, évaluations et classements ne sont pas réservés aux élites professionnelles ou amateurs : ils sont l’apanage de la société sportive dans sa totalité concrète [...] des plus jeunes [...] aux plus vieux [...] qui s’organisent [...] sous l’impulsion des classements de toutes les fédérations, de toutes les ligues, structurées pyramidalement [...] du fort au faible. » (Sociologie politique du sport)